En 1963, Le Seuil publie dans la traduction de Rose-Marie Desmoulière Blessé à mort, de Raffaele La Capria, qui vient de remporter le Prix Strega. Quarante ans plus tard, l’éditeur L’Inventaire propose à l’auteur de cette étude de retraduire le livre. En nous appuyant sur des considérations théoriques et des exemples pratiques, nous proposons un échantillon raisonné des difficultés rencontrées et des solutions imaginées par les deux traducteurs pour restituer le napolitain italianisé de l’écrivain, son ironie constante et l’ambition de son projet littéraire. La comparaison des deux versions françaises illustre le credo défendu par le retraducteur du roman de La Capria : une traduction n’est pas seulement une opération de transposition linguistique. Elle n’est pertinente que si le traducteur maîtrise le contexte culturel et l’ambition poétique d’un auteur dont le (re)traducteur est à la fois un lecteur privilégié, un compagnon de réécriture et un « interprète », dans le double sens de ce mot.