La création de musées d’art contemporain publics en Grèce après la Seconde Guerre mondiale est liée aux transformations du pays et au déséquilibre entre la capitale et la province. A cette période, la situation du marché de l’art contemporain n’est pas favorable aux peintres et le nombre d’acheteurs d’œuvres d’art contemporain est très restreint. L’année 1960 est un moment historique important car le premier musée d’art contemporain de province s’ouvre dans une ville au nord-ouest du pays, à Ioannina. Les artistes se professionnalisent et leur statut social s’affirme, ce qui est lié à un dynamisme économique du marché de l’art contemporain, dans la capitale comme en région. À partir de ce moment-là et jusqu’à la dictature des colonels (1967-1974), on observe un élan culturel, grâce aux gens de lettres, aux artistes, aux bourgeois lettrés et, souvent, aux gens de gauche. Des changements urbanistiques, économiques et artistiques ont lieu dans tout le pays, et sont la marque du modernisme et du développement. L’importance du musée d’art contemporain étant acquise pour les acteurs du monde de l’art contemporain, d’Athènes essentiellement, il contemporain devient un symbole de supériorité culturelle et de modernisation. Une ville où s’ouvre un musée offre également des ouvertures vers un développement touristique et économique et vers l’expansion du marché de l'art contemporain. Les institutions qui soutiennent la valorisation muséale des arts plastiques sont un signe de modernisation d’une société locale et modifient la carte et l’architecture de la ville en lui donnant de nouveaux lieux culturels. Les artistes et les associations tiennent une place prépondérante dans la création des musées qui fonctionnent comme des miroirs pour la société. Nous verrons comment ces musées d’art contemporain contribuent tant aux discours identitaires nationaux qu’au renouveau artistique et à la vie économique de certaines villes de province.