Cet article introductif du numéro thématique sur l’Amérique latine propose un bref historique des travaux régulationnistes menés du début des années 1980 à nos jours. Ils ont contribué à une extension et un enrichissement des concepts et des méthodes des approches de la régulation qui portaient initialement sur les pays de vieille industrialisation. Les régimes rentiers sont orthogonaux aux régimes fordistes, la nature de l’insertion internationale détermine très largement la dynamique des autres formes institutionnelles, l’ampleur du travail informel rend problématique l’institutionnalisation du rapport salarial, les systèmes de couverture sociale sont idiosyncrasiques, enfin la faiblesse de l’État lui ouvre peu de possibilité d’impulser le changement institutionnel. Bien que marqués par ces caractéristiques communes, Argentine, Brésil, Chili et Mexique explorent des trajectoires largement originales qui ne résultent pas seulement de différences en matière de dotation en ressources naturelles mais plus encore de la formation des alliances politiques et des compromis institutionnalisés, implicites ou explicites, qui en dérivent. Le politique devient prépondérant lors des crises systémiques/structurelles, comme ce fut le cas en Argentine au début des années 2000. Cet enseignement dépasse le cadre latino-américain puisqu’il permet l’explicitation de quelques-uns des canaux de la régulation politique et qu’il incite à étudier de façon systématique le complexe processus de sortie des grandes crises qui est la question centrale de la présente décennie.