L’économie politique malaisienne intègre une dimension islamique très singulière, résultant du volontarisme de l’État, dont les ressorts sociaux et politiques (nationalisme, cohésion sociale, diplomatie) sont à souligner. Tout un pan de l’économie compatible avec la charia accompagne l’essor rapide du capitalisme en Malaisie - première puissance économique d’Asie du Sud-Est après Singapour - d’un point de vue à la fois matériel et éthique. En effet, son développement s’est accéléré depuis plus d’une vingtaine d’années de concert avec la finance islamique, secteur très internationalisé dans lequel la Malaisie représente le principal marché national et occupe une position d’expertise de premier plan à l’échelle mondiale. Cet article de sociologie du développement, faisant notamment écho à des inspirations de Max Weber, revient sur l’institutionnalisation politique de l’islam malaisien pour mettre en évidence son articulation, dans une visée conservatrice, avec l’expansion de la modernité capitaliste.