Émile Mâle a publié sa trilogie sur l’art médiéval entre 1898 et 1922, avant d’ouvrir ses réflexions, à la décennie suivante, sur l’art religieux après le concile de Trente. Cet article explore comment l’auteur y articule en un récit logique les périodes de l’art religieux en France par un aspect transversal aux volumes de sa première trilogie : les relations entre l’Orient et l’Occident telles qu’elles apparaissent dans les œuvres d’art et, plus précisément, le rôle d’inséminateur de l’Orient sur l’Occident à chaque changement de période artistique. Cette mise en relation dépasse les cadres de l’influence et du transfert de formes et de motifs ; c’est un rouage de la pensée de Mâle qui agit comme un procédé narratif dans son écriture. Une telle dialectique doit être replacée dans un imaginaire savant historiciste propre au milieu contemporain de Mâle qui perçoit ainsi, dans la durée de l’histoire ancienne, les mouvements des civilisations qui ont enfanté la France en tant que Nation.