Cet article se base sur une enquête de terrain menée en 2009 et 2010 à La Nouvelle-Orléans, auprès du marching band (fanfare) et programme d’éducation musicale Roots of Music. A travers les répétitions quotidiennes de la fanfare, sa participation aux défilés du carnaval néo-orléanais et sa récente médiatisation à la télévision américaine, nous examinons les scènes d’apprentissage musical en tant qu’espaces de négociations identitaires des jeunes Noirs américains. L’apprentissage de la musique apparaît dans ce contexte comme révélateur d’un dédoublement identitaire : vecteur d’ascension sociale pour les élèves et les professeurs, il leur permet paradoxalement d’affirmer leur appartenance à un univers de la rue, en opposition aux normes de respectabilité sociale des classes moyennes.