Le cycle de vie du manuscrit médiéval est le fruit de constantes transformations au gré de ses artisans autant que de ses lecteurs. Il est généralement lieu de rencontre de sources variées, compilées selon les choix d’un éditeur, dans lesquelles on fait rarement face à un auteur, car le texte vivace, produit de la mémoire collective, surgit de la culture orale et s’altère au fil des copies, tandis que son imagerie jongle entre modèles et écoles artistiques et s’adapte au portefeuille de l’acquéreur. La singularité du manuscrit renferme une matière conventionnelle cachée derrière le visible en mettant en mouvement un artefact vivant, composite et unique ; une utopie désassemblée, réassemblée, réinventée au cours des siècles. Il s’agira de tenter d’élucider les matières animales, végétales, minérales et spirituelles du manuscrit médiéval en particulier celles des livres d’heures produits en série dans les ateliers parisiens du xve siècle, en observant un objet représentatif de sa communauté, un manuscrit d’étal qui prit forme à Paris vers 1460.