Au début du présent siècle les projets d'intégration continentale latino-américaine ont reçu un élan inaudit de la part d'une majorité de gouvernements de gauche dont la plupart étaient sans passé institutionnel. Ce fait, combiné à la hausse des prix des commodities dont ces pays sont exportateurs, caractérise la nommée Décennie Dorée latino-américaine (2003-2012). C'est dans ce contexte géopolitique que des pays comme le Brésil, l'Argentine et l'Uruguay ont entrepris un rapprochement historique entre les langues espagnole et portugaise à travers des lois assurant leur présence dans le milieu scolaire en tant que langues vivantes, mettant ainsi fin à une relation historique de négligence mutuelle. Ce phénomène correspond à ce que des sociolinguistes comme Calvet et Cooper ont caractérisé comme rapports horizontaux, l'espagnol et le portugais étant toutes les deux des langues super-centrales. Or, au-delà de cette typification théorique, la littérature scientifique manque d'études de cas analysant les conditions matérielles de réalisation de cette horizontalité. C'est pourquoi, dans le cadre d'expériences historiques telles que le mouvement des non alignés et de thèmes comme la position des langues super-centrales dans la mondialisation, nous examinerons en détail les discours, les alignements politiques, les intérêts, les obstacles et le bilan des initiatives légales prises par ces trois pays pendant la Décennie Dorée.