La classification des langues africaines et par ricochet le nombre de langues parlées en Afrique demeurent une préoccupation fondamentale des linguistes de nos jours. Fort de ce constat, le présent article, qui s’intéresse à la problématique de la classification des langues camerounaises et du nombre de langues classifiées, s’est penché sur la langue wawa parlée dans le département du Mayo-Banyo au Cameroun. Bien que l’ALCAM (Atlas linguistique du Cameroun, 2012) n’ait pas attribué à la langue wawa un code linguistique qui fasse d’elle une langue camerounaise, les résultats de nos recherches fondées sur la dialectométrie lexicale entre le wawa et le vute prouvent que le wawa est une langue différente du vute. En nous focalisant sur nos résultats relatifs à la distance et à la proximité linguistique entre le vute et le wawa, il est donc clair que le wawa, linguistiquement proche du vute et du kwanja, est une langue à part entière. La classification des langues camerounaises ne peut pas être de nos jours considérée comme un problème résolu car plusieurs langues minoritaires en zone rurale sont inconnues des linguistes. La langue wawa, qui possède trois variétés dialectales (le tikambi, le gandwa et le jujunbe), est une langue appartenant à la sous-branche vutoïde (cf. Ngaouri, 2021). Ces résultats nous ont permis de proposer à la langue wawa le code linguistique [721], ce qui relance le débat sur les critères de classification et de définition des langues africaines en général et camerounaises en particulier. Nous militons donc pour une intégration et une considération des minorités linguistiques en danger d’extinction au Cameroun.