Quand on pense « récit de transfuge de classe » on pense le plus souvent à un type particulier de récit qui décrit de manière plus ou moins tourmentée, une ascension intellectuelle, en donnant une part importante à l’école et en se terminant souvent par l’accès à l’écriture ou à la parole publique. Ce type de récit est devenu un canon littéraire qui uniformise de manière réductrice notre vision de la mobilité sociale. Cet article cherche donc à explorer les récits qui ne correspondent pas à ce canon, notamment les récits de transfuges économiques, pour mieux situer le récit de transfuge de classe littéraire par rapport aux récits traditionnels de la mobilité sociale (self made man, conte de fées) et pouvoir ainsi interroger sa pertinence sociologique et sa portée politique.