Tout semble opposer les pratiques néorituelles (néopaïennes ou New Age) aux rituels, bien qu’elles soient considérées comme l’un de leurs prolongements contemporains. À la routine et la conformité de ceux-ci, elles substituent en effet des collages et expérimentations souvent perçus comme arbitraires et décontextualisés ce qui les rapprocherait davantage de performances que de « travaux ».Cet article propose de réinvestir cette question de la néoritualisation et d’en renouveler l’approche selon le postulat paradoxal que la liberté peut devenir une contrainte. L’analyse s’appuiera sur la description des « cérémonies culturelles » d’un mouvement de revitalisation apparu à Tahiti au cours des années 2000. Le contraste qu’offrent ces pratiques dans un domaine avant tout associé à la modernité ou la postmodernité occidentale permet ainsi de mettre en exergue l’influence de la sécularité davantage à l’échelle des logiques d’action qu’en lien avec les bouleversements macrosociologiques auxquels les néorituels sont généralement affiliés.Ainsi, au sein de ce mouvement de revitalisation, l’autonomie manifeste entre les gestes effectués, les paroles prononcées et l’efficacité de la pratique a en réalité sa propre finalité et dévoile le poids de la sécularité en tant que contrainte sur le rituel. Nous verrons comment la liberté religieuse promue à Tahiti, à l’instar de nombreuses sociétés contemporaines, peut agir comme un vecteur de complexification rituelle en imposant aux acteurs de positionner leurs pratiques par rapport à la catégorie « religion », en termes de logiques d’action, de relations aux non-humains et d’efficacité.