Le degré d’excellence atteint tant au niveau esthétique que technique par la cuisine savante dès la seconde moitié du 17ème siècle, doublé d’une capacité à créer et/ou à interpréter des œuvres originales, permet de faire passer la cuisine du rang d’activité domestique et artisanale au rang d’activité professionnelle artistique. Partant de ce postulat, nous nous sommes intéressés dans cet article à la dimension esthétique de l’art culinaire et ses liens avec le tourisme. L’étude d’ouvrages d’« art » couplée avec la consommation in situ de mets et à des entretiens biographiques de 15 chefs tri-étoilés au guide Michelin, permettent de faire émerger des types de signatures esthétiques « classiques » et « contemporaines », chacune se rattachant à un paradigme culinaire. L’acte de manger ne se résumant pas à la simple incorporation de nutriments, consommer des œuvres culinaires esthétisées peut être de nature à participer au souvenir touristique d’un lieu, d’une région, d’un pays.